Les programmeurs sont les nouveaux DJ…
Cet algorithme qui t’entraîne jusqu’au bout de la nuit! de Florian Reynaud pour Slate
Deux DJ pendant une Algorave – Slub par saw2th via FlickrCC License by
Si on vous dit maths, informatique et musique, vous pensez au Math Rock, courant musical nommé ainsi de manière un peu humoristique? Imaginez plutôt une soirée où le DJ est un développeur, et vous vous approcherez du concept. Et ce concept, c’est l’Algorave.
Le site Popular Science parle dans un article publié le 30 août de «la façon la plus nerd de danser». Pour faire simple, l’Algorave est une rave party où la musique est générée par des algorithmes informatiques. Tom Cheshire, journaliste pour Wired, est allé à l’une de ces soirées et en a fait un résumé lapidaire.
«Le DJ n’est pas vraiment un DJ: c’est une compositrice et programmeuse colombienne nommée Alexandra Cárdenas. Elle n’a pas de platines. A la place, elle travaille avec un ordinateur portable. Une projection derrière montre environ 20 lignes de code, avec lesquelles elle joue, en enlevant certaines, modifiant les paramètres d’autres. La techno minimale commence à s’empiler, s’inverser. Des rythmes complexes émergent, s’en vont, puis reviennent plus fort, dynamisant la foule. Cárdenas est complètement perdue dans la musique. C’est une « algorave », où les humains dansent sur des algorithmes.»
Le terme Algorave apparaît pour la première fois en mars 2012 au Royaume-Uni, lors de la soirée «Supercollider 2012 Warm Up». Plusieurs vidéos de ces soirées sont disponibles, dont celle de la première qui s’est déroulée à Londres. Le résultat, visuel comme musical, peut dérouter.
SuperCollider est à la fois un environnement et un langage de programmation célèbre, apparu en 1996, et le premier utilisé pour ces Algoraves, mais il existe d’ores et déjà de nombreux outils pour «programmer» la musique, détaillés sur le site officiel d’Algorave.
SuperCollider 2012 warmup gig – Live AlgoRave in East London
Wired explique que la cacophonie que peut ressentir un spectateur d’Algorave fait partie de l’esprit. La musique n’est pas mélodique mais construite, formée en direct pour une foule. Le journaliste explique notamment que ce format et l’usage de la programmation informatique permettent de dépasser les limites de la musique électronique.
En revanche, le Daily Mail a exprimé des doutes dans un article publié en avril 2012.
«Mais certains sont sceptiques sur la capacité des ordinateurs à reproduire un jour les décisions émotionnelles que les DJ et professionnels de l’industrie musicale peuvent prendre.»
Florian Reynaud pour Greenroom
Pour aller plus loin:
Hacking meets clubbing with the ‘algorave’, de Alexandra Cárdenas pour WIRED.CO.UK
They’re dancing, but it’s weird: the smell is of engines, oil and worn metal; the crowd occupies the hold of an old German merchant ship docked in London, the MS Stubnitz. The DJ isn’t really a DJ: she’s a Colombian composer and programmer called Alexandra Cárdenas. She has no decks. Instead, she’s working on a laptop. A projection behind shows about 20 lines of code, which she is toying with, stripping some away, modifying the parameters of others. The minimal techno starts piling up, reversing on itself. Complex rhythms emerge, fall away, then come back stronger, energising the crowd. Cárdenas is completely lost in the music. This is an « algorave », where humans dance to algorithms.
This is Cárdenas’s first algorave; she only heard the term in September last year, at a music coding festival in Mexico City, where she lives. « It was very rhythmical — it was the first time I wanted to dance to a live code session, » she says. But the 37-year-old composer says the scene is growing. « It’s becoming a movement. I know we are small now, but I see it growing so strong and fast. It’s a point where technology, geek stuff and this hacker philosophy come together with clubbing. »
Algorave « started as a joke », according to Alex McLean, a computer-music researcher and one-third of a band called Slub that’s been live coding for 13 years. He came up with the term while driving to a gig in Nottingham with his friend Nick Collins (who plays « datapop » under the name Sick Lincoln) in late 2011. « We tuned into a pirate station playing happy hardcore, and we thought it would be good to program some rave music. » Since then, McLean has organised eight informal algoraves around the world. « It’s kind of changing the way people think about computer music, » the 38-year-old says. « And also breaking the limits of what electronic music can be. »
In London, the music veers between the sublime and the cacophonic; at the end, one audience member — and she’s entirely serious — shouts: « Play something good! » Algorave is messy, but that’s partly the point: these are not the pristine algorithms that fetch your search results on Google; they’re built live, for a crowd. As the algorave site says: « It’s up to the good people on the dancefloor to help the musicians make sense of this and do the real creative work in making a great party. »
Leon Csernohlavek