L’électro, c’est so 1938 !
Par TRACKS NEWS / 16-10-16 / L’électro, c’est so 1938 !
La première composition pour instruments électroniques signée par une femme refait surface après presque 80 ans d’oubli…
Elle n’aura jamais entendu l’enregistrement de son œuvre de son vivant… Et pour cause : quand la musicienne allemande Johanna Magdalena Beyer compose « Music Of The Spheres », en 1938, elle fait presque figure d’anomalie dans la scène musicale expérimentale de l’époque, plus pionnière dans la recherche sonore que dans l’avancée des mœurs. Unique femme tolérée dans le « Composer’s Forum », cercle artistique avant-gardiste de New York où Johanna Beyer s’est installée en 1924, cette pianiste et compositrice diplômée du Conservatoire National allemand a un temps d’avance ses homologues masculins. Un temps de trop : à l’époque, féminité et modernité ne font pas bon ménage et la jeune femme est souvent obligée de réduire son nom à ses initiales, J.M. Beyer, pour signer ses œuvres afin de les débarrasser des préjugés sexistes et espérer qu’elles soient appréciée à leur juste valeur.
Et si ces pièces musicales trouvent écho auprès du public de l’époque, c’est surtout grâce à John Cage, chef de file de l’avant-garde artistique de l’entre deux-guerre qui, bluffé par le talent de Beyer, les interprète régulièrement sur scène. Celle que l’on considérera à titre posthume comme la marraine du mouvement minimaliste américain des sixties et seventies succombera de la maladie de Charcot en 1944 dans un relatif anonymat. Et ce n’est qu’en 1977 que « Music Of The Spheres » est enregistré pour la première fois. Et désormais régulièrement remis sur le devant des scènes les plus prestigieuses du monde, presque 80 ans après sa création. Mieux vaut tard que jamais…