Ikutaro Kakehashi fondateur de ROLAND nous a quitté samedi 1 er avril 2017…RIP
Sans les instruments d’Ikutaro Kakehashi, la musique moderne n’aurait pas été la même…
Par Luc Vinogradoff pour le Monde BigBrowser
Cet ingénieur japonais, fondateur de la compagnie Roland et créateur de certains des synthétiseurs et boîtes à rythmes les plus utilisés, est mort à l’âge de 87 ans.
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler du Japonais Ikutaro Kakehashi, mais il y a des chances que vous ayez entendu des sons qui n’auraient jamais existé sans lui. Cet ingénieur japonais, mort ce week-end à l’âge de 87 ans, a été le fondateur de la compagnie Roland, pionnier des instruments électroniques et créateur des synthétiseurs et des boîtes à rythmes (le TR-808, le TR-909 ou le TB-303, sans parler de son rôle dans le développement du protocole de communication MIDI) qui ont révolutionné la musique moderne, au même titre que les premiers instruments des Américains Robert Moog et Don Buchla.
La liste des artistes qui ont utilisé, bidouillé ou se sont inspirés des machines imaginées par Ikutaro Kakehashi depuis les années 1970 est longue et éclectique. En citer quelques-uns – Prince, U2, Kraftwerk, Dr Dre, Aphex Twin, Marvin Gaye, Nine Inch Nails – donne une idée de l’ubiquité musicale de ses appareils et des ponts qu’ils ont permis de créer entre des genres qui auraient pu ne jamais se mélanger.
Sans le légendaire Roland TR-808, le hip-hop ne serait pas ce qu’il est devenu et la pop des années 1980, pour le meilleur comme pour le pire, n’aurait pas existé. Sans les lignes de basses de la TB-303, pas d’acid-house, et peut-être pas de musique électronique tout court. « Sans M. Kakehashi, la musique ne serait littéralement pas ce qu’elle est aujourd’hui », a justement résumé Steven Fisher, un ingénieur ayant travaillé à ses côtés chez Roland.
Voici quelques chansons faites grâce aux instruments Roland, aux sons éternellement futuristes :
Dans un message Facebook annonçant la disparition de son ami depuis quarante ans, Tommy Snyder, ingénieur chez Roland, a rendu hommage à une homme « super marrant, incroyable et doué » pour « ses contributions au développement des instruments de musique, et plus globalement à la musique, et pour avoir touché des millions de personnes à travers le monde ».
Dans les années 1980, le musicien britannique Graham Massey avait appelé son groupe de dance pop 808 State. Autant dire qu’il a une relation ancienne et personnelle avec l’instrument. Il le compare à « une sorte d’espéranto dans la musique. Le monde entier commença à être moins séparé grâce à cette technologie, elle avait une certaine classe. Avec cet équipement, on pouvait transcender notre musique provinciale ».
A tous ceux qui n’ont jamais connu les heures perdues à programmer des percussions sur le TR-808, vous n’avez même plus besoin d’en acheter un. Des émulateurs existent pour vous donner une idée des possibilités qui s’ouvrent quand vous commencez à pouvoir le maîtriser. Une fois cela fait, c’est le moment d’en trouver un vrai, de vous enfermer avec dans une chambre et de faire de la musique.
Sans lui, on n’aurait jamais pu faire de musique avec nos ordinateurs
par Jean-Sébastien ZANCHI pour 01.net
Il est donc également l’un des inventeurs du protocole MIDI, qui a permis aux ordinateurs de communiquer avec les instruments électroniques.
Non seulement à l’origine de nombreuses machines emblématiques des sons du hip-hop et de la techno, le Japonais fut également l’un des créateurs du MIDI. Combiné à la commercialisation de l’Atari ST, c’est le standard qui a permis l’essor de la musique assistée par ordinateur (MAO).
En 1981, Ikutaro Kakeshi initie des négociations avec Tom Oberheim – créateur de la marque de synthétiseurs du même nom – qui a déjà créé son propre système de contrôle de claviers. Mais Oberheim reste attaché à son procédé. Le fondateur de Roland se tourne alors vers Dave Smith, patron de la marque Sequential Circuits (qui sera revendue plus tard à Yamaha) pour développer un système plus abordable et simple que celui d’Oberheim. Tandis que Smith se charge de convaincre ses concurrents américains de les rejoindre, Kakehashi se charge quant à lui des Japonais Korg, Kawai et Yamaha.
Un protocole de communication encore utilisé
Le standard est alors présenté au salon NAMM en janvier 1983. Il permet de synchroniser deux synthétiseurs de deux marques différentes : d’un côté le Prophet 600 de Sequential Circuits, de l’autre, le Jupiter-6 de Roland. Bien que Kakehashi préfère l’appellation UMI pour « Universal Musical Interface », c’est finalement MIDI (« Musical Instrument Digital Interface ») qui sera choisi par les partenaires.
La standardisation finale intervient en août suivant et décrit le fonctionnement du protocole. Le MIDI ne sert en effet pas à transmettre du son, mais simplement des informations de commande aux appareils connectés entre eux. La sortie de l’Atari ST en 1985, premier ordinateur à intégrer une connectique MIDI en atteste. Avec un logiciel comme Cubase – commercialisé en 1989 – on peut se servir de l’ordinateur comme « séquenceur ». Il commande alors leur comportement aux synthétiseurs : la hauteur des notes, le rythme, le vibrato ou encore le panoramique.
C’est cette combinaison entre machines et ordinateur bon marché (l’Atari ST était vendu 799 dollars) qui lancera l’avènement des « home studio », ces petits studios domestiques que l’on peut installer dans sa chambre ou sa cave. Un système qui démocratisera la production musicale et accompagnera l’explosion du hip-hop et de la techno. Trente ans plus tard, le MIDI reste encore le standard de référence. Si la MIDI Association travaille à un successeur baptisé MIDI HD, celui-ci n’est toujours pas finalisé…
BREF C’EST UN ENORME MONSIEUR QUI NOUS QUITTE … IL LAISSERA UNE TRACE INCOMMENSURABLE DANS L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE MODERNE !