Printemps Tekno : Le Collectif de la Fête Libre passe à l’offensive.

Petit retour en 2015, le 31 janvier exactement. Ce jour-là ce n’est pas moins de 45 villes qui se mobilisent partout en France pour faire passer un message. On dénombre des rassemblements de teufeurs sur tout le territoire, de Perpignan à Bourges en passant par Rouen ou Rennes pour un total dépassant les 10.000 personnes dans les rues.. Les mots d’ordre de cette mobilisation sont les suivants : Arrêt des saisies, abrogation de la loi Mariani, la prise en compte des pratiques amateurs faisant vivre la Free Party…

Mi-décembre 2016, après la saisie des sound system Strakellik, des Malfeteurs et des Ishebeltek notamment, souvent dans des conditions rocambolesques mêlant affrontements et intimidations… Après la verbalisation des participants à une soirée des Esprits Libres pour aide au tapage nocturne et après la perquisition des locaux de Techno +, il était temps pour le mouvement Tekno d’apporter une réponse juste mais ferme aux autorités.

C’est ainsi que le 03 décembre dernier une manifestation à l’échelle de toute la Bretagne était lancée. De Vannes à Quimper en passant par St Brieuc, près de 1500 personnes étaient rassemblés pour défendre leurs droits à la fête libre autour de slogans étrangement similaires à ceux de 2015.. Après des opérations escargot sur la rocade de Rennes et sur la route menant au site, un Teknival revendicatif a pris place dans la banlieue de St Brieuc le soir même avec plus de 15.000 participants et plus d’une vingtaine de sound system représentés. Un bras de fer gagnant donc, puisque à l’aube de ce rassemblement le dialogue avec les autorités locales semblait avoir repris, la préfecture déclarant dans la douleur qu’il n’y avait pas d’hostilités envers les Free-Party, en tentant de temporiser les déclarations insultantes des semaines précédentes. Cependant tandis qu’à l’Ouest la réponse du mouvement touchée à sa fin sur ce Teknival hivernal, plus au Sud la résistance structurée autour du Collectif de la Fête Libre, organisait quant à elle une réunion pour tenter de préparer les prochaines actions revendicatives.

Alors que 2017 se dessine doucement et avec elle les élections présidentielle et législative, l’occasion semble parfaite pour tenter de sensibiliser élus et électeurs aux différentes problématiques et combat que mène le mouvement et pour tenter de faire bouger les lignes. D’autant plus après la récente réponse de Bernard Cazeneuve lors des questions au Sénat, où celui-ci semble entériné le statut quo en vigueur depuis 2001 avec un soupçon de médiation en plus. Après des mois de mobilisation, et trois Teknival revendicatifs cette année, autant dire que cela ne semble pas satisfaire les activistes de la scène Tekno qui œuvre sans relâche pour obtenir d’avantage de la part de l’exécutif. Et parmi ces activistes on retrouve le Collectif de la Fête Libre à l’origine du Teknival du 15 août sur le plateau du Larzac cet été notamment, qui a commencé à activer ces réseaux avec une réunion le 3 décembre dernier à Toulouse.

L’objectif de cette réunion était de réunir l’ensemble des motivés du Sud et bien au-delà autour d’un projet de Manifestive pour 2017 et d’en préciser les contours. C’est désormais chose faite avec une grosse participation des sound et associations locales et des réflexions fructueuses. Voici donc ce qui vous attend pour l’année 2017.

Comme en janvier 2015, une journée de mobilisation devrait voir le jour aux quatre coins de la France mais dans un nombre de villes plus restreint qu’alors. Cette réduction des villes mobilisées a pour objectif de concentrer les manifestations dans les 7- 8 plus grandes villes de France avec le regroupement de nombreux manifestants et non pas des centaines éparpillés dans des dizaines de villes supplémentaires. Donner plus de poids en somme aux différents défilés. Comme souvent la présence de chars musicaux est annoncée et les revendications restent les mêmes : Arrêt de la répression sur les Free Party et les participants, Changement de la loi Mariani, Arrêt des saisies. Marseille, Toulouse, Paris, Montpellier, la Bretagne et Clermont Ferrand font déjà partie des villes en bonne voie pour accueillir des rassemblements avec l’espoir que l’Est, le Nord et l’Ouest suivront également d’ici à la date fatidique..

La date justement est déjà arrêtée tout comme le nom de cette journée de mobilisation. Comme un écho aux mouvement de contestation citoyen ayant émergé dans de nombreux pays, notamment dans les pays arabes, cette journée de défense de la fête libre s’inscrira dans le cadre du PRINTEMPS TEKNO. Et quoi de mieux pour lancer les manifestations que le 18 Mars 2017, à quelques jours seulement du début du printemps. C’est en tout cas cette date qui a été choisie lors de l’assemblée générale et que nous vous invitons à marquer au fer rouge dans votre agenda : le 18 Mars 2017. Et ce n’est probablement qu’un début…

Bonjour bonjour, nous revoici à discuter de manifestation pour défendre le droit à la fête libre quelques mois seulement après un gros Teknival revendicatif au Larzac, et quelques jours seulement après un Teknival revendicatif en Bretagne, le combat n’est pas fini ?

– Salut, hélas non le combat n’est pas fini et même loin d’être fini car pour l’instant les avancées sont vraiment minimes comparés à nos attentes. Nous sommes décidés et sommes plus que jamais prêts à continuer la pression et les actions, qui se multiplieront en cette année d’élection présidentielle…

D’ailleurs à ce propos, Freeform nous a informé de la réponse de Bernard Cazeneuve à une question au Sénat où celui-ci semble vouloir conserver le statut quo en vigueur depuis 2001 avec un peu plus de médiation. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Êtes-vous satisfait ?

– Je trouve que cela ne va pas du tout dans le sens du travail accompli depuis plus de 3 ans maintenant avec le groupe interministériel et les avancées sur le dossier. Au vu de cette prise de position, nous avons un peut l’impression qu’on tourne en rond et que l’on fait un pas en avant pour deux en arrière. Mais cela ne nous arrêtera pas pour autant et nous continuerons à défendre le droit à la fête libre.

Vous avez donc prévu une mobilisation pour le 18 mars 2017 autour du lancement du Printemps Tekno, celle-ci est-elle la continuité de votre action de cet été au Larzac, les mots d’ordre étant les mêmes .. ?

– Oui, c’est bien la suite du Larzac et nos revendications restent encore et toujours les mêmes …

D’autres actions revendicatives risquent-elles de voir le jour dans le cadre de ce Printemps Tekno ?

– Le « Collectif de la Fete Libre » organise l’action revendicative « Printemps Tekno » et uniquement celle-ci pour la journée du 18 mars, mais j’ai déjà entendu parler d’une grosse action qui s’organise pour la suite. Maintenant je n’en sais pas plus et les organisateurs de celle-ci sauront faire passer le message en temps voulu

Afin de mobiliser les sound comme les participants, notamment dans les villes et régions ou rien ne semble encore décidé quant à une éventuelle participation, que pouvez-vous dire de plus ?

– MOBILISATION  !!! Mais en fait sur cette action nous allons mobiliser 4, 5 grosses villes maximum dans toute la France afin d’avoir un maximum d’impact sur le nombre de personnes présentes dans chacune. Nous pensons qu’il vaut mieux avoir 3/5000 personnes dans 4, 5 villes plutôt que 500/1000 personnes dans 10/15 villes. Toulouse , Marseille pour le sud et Paris pour le nord ont déjà répondu présent , nous attendons la réponse des Bretons qui sont en train de s’organiser mais cela ne devrait pas tarder .

Pensez-vous que cette mobilisation à l’aube des échéances de 2017 pourra porter les revendications du mouvement Tekno dans l’arène politique ?

– 2017 est l’année des présidentielles, donc automatiquement si la mobilisation de cette manifestation est suivie à la hauteur de nos espérances je pense que oui, la médiatisation fera son travail et obligatoirement remontera là haut. Je ne dis pas non plus que ça changera tout et que le combat sera fini mais justement c’est maintenant qu’il faut frapper et montrer que l’on est encore et toujours là, bien présent,  que l’on existe et qu’il faudra compter AVEC nous car on ne lâchera jamais et rappeler que nous aussi nous avons des cartes électorales

Merci encore d’avoir joué le jeu de cette interview en espérant que la mobilisation suivra.